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Alexandra Nouchet : La force d'un sourire et d'un talent hors norme
Arrivée sur le tard au para-athlétisme, la jeune femme de 26 ans a progressé à toute vitesse et postule même à une médaille aux Jeux Paralympiques au lancer du poids. Elle cache, derrière son large sourire, une volonté hors norme. Et applique la phrase que lui répétait son père : « L’échec n’est pas de tomber mais de rester là où tu es tombée… »
Publié le 07/08/2024
Elle revendique le droit à l’indifférence. Celle qu’elle aimerait voir dans les regards portés sur elle.
"Je suis en situation de handicap mais je ne me considère pas comme tel. Je suis comme tout le monde. Et faites pareil, vous, managers, vous demandeurs d’emploi qui êtes en situation de handicap. Tout le monde à son importance ! "
Un message qu’Alexandra Nouchet a martelé lors des manifestations organisées par France Travail auxquelles elle a participé. Comme « Du stade vers l’emploi », une opération à l’occasion de laquelle les barrières employeur-employé sont abolies, ainsi que les stéréotypes. Où tous sont logés à la même enseigne, avec des temps d’échanges et de convivialité. Tout ce qui correspond aux valeurs de la para-athlète.
Son handicap ? Une agénésie du membre inférieur droit, anomalie congénitale qui nécessite d’être appareillée par une prothèse à la jambe. Quand Alexandra ne sourit pas, d’un sourire franc et lumineux, elle rit. Un grand rire sonore qui témoigne d’une énorme joie de vivre et de pratiquer son sport. Ses sports !
En effet, elle détient les records de France de saut en longueur, 100m et lancer du poids ! Aux Jeux, elle disputera uniquement cette dernière épreuve, qu’elle ne pratique que depuis ... un an et demi ! Son nouveau coup de coeur. Et elle a déjà atteint un très haut niveau. Fin mars, elle a pulvérisé le record du monde dans sa catégorie avec un lancer à 10,64 mètres !
Un job dans la com'
Alexandra Nouchet est faite pour le sport. Elle est dotée d’incroyables facilités. Petite, elle commence par la natation. Elle s’entraîne avec des valides et performe jusqu’à disputer des compétitions internationales dans sa catégorie. Puis elle découvre l’athlétisme en 2020 au CREPS de Bordeaux (équivalent d’un sport-études). Un coup de foudre. Elle s’y consacre pleinement.
Quatre ans plus tard, elle s’apprête à disputer les Jeux ! "Je ne pense pas avoir un talent particulier. En revanche, je ne baisse pas les bras, je donne toujours davantage pour m’améliorer, je cherche des solutions pour lever les obstacles qui mènent vers une meilleure performance… J’aime me faire mal, souffrir, pour obtenir ensuite la satisfaction de s’être battue. Cela peut paraître sado-maso..."
Alexandra éclate de rire, encore. Un rire communicatif. Justement, la « comm », c’est son truc puisqu’elle en a fait son métier. "J'aime l'aspect réseaux sociaux mais aussi l'événementiel. J'aime cette diversité et cette polyvalence et je compte prendre cette direction après ma carrière d'athlète."
Alexandra a eu la confirmation de sa sélection pour les Jeux Paralympiques de Paris le 17 juillet dernier. Une première victoire. Mais surtout une satisfaction d'avoir obtenu ce qu'elle cherchait depuis des années. "Les victoires sont le fruit de mon travail. Ce n’est pas une question de revanche sur la vie ou le destin par rapport à mon handicap... Juste l’envie de performer et le plaisir de s’en être donné les moyens.. " Et la pression des Jeux devant le public français, la famille venue de Lille et des collègues ne l’inquiète pas, au contraire ! "J'y pense souvent et je visualise ce public car j'ai besoin d'images positives. D'ailleurs, je me suis plusieurs fois imaginé avec une médaille sur le podium des Jeux. C’est mon booster !", s’exclame Alexandra avant d’éclater de rire, comme d'habitude.